Présence
de Robert Brasillach.
L'intelligence à en croire ses " professionnels "
doit avoir des frontières. Les bornes en seraient plutôt
à droite. Pourtant il y a des talents qui bousculent ces
dérisoires clôtures. Inondations lumineuses sur des
terrains vagues ou des penseurs prétendument de gauche cultivent
d'indigestes moissons et qui intoxiquent nos intelligences aujourd'hui
en pleine dérive.
Robert Brasillach est un de ces déferlements de lumière
que les forces obscures tentent toujours d'étouffer mais
dont ils n'ont tué que le corps.
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Comme
je plaindrais des juges désignés par un pouvoir politique
de droite et qui enverrait Aragon au poteau, pourtant complice d'un
Staline bien plus costaud qu'Adolf dans le lessivage et auteur d'une
petite phrase qui en dit long sur le contenu moral du poète
communiste : "J'ai toujours eu la vocation de la trahison ".
C'est clair.
Et les maisons de la culture dédiées à Aragon
ne s'écroulent pas pour autant, malgré l'accord parfait
entre la marque de la boite et le produit distillé dans ces
officines. Rassure-toi camarade je ne pousserai pas l'audace jusqu'à
demander une maison de la culture" Robert Brasillach " même
dans sa ville natale Perpignan.
Robert Brasillach avait salué " le fascisme immense et
rouge " avec l'enthousiasme d'une âme pure.
Il avait cru avec toute sa sensibilité à cette nouvelle
ère de chevalerie qui semblait se lever alors dans quelques
pays d'Europe. La
réalité ne fut pas toujours au niveau de ses souhaits
mais cela ne retire rien à l'authenticité de ses rêves.
Une salve de déshonneur, un 6 février 1945, à
9 heures 38, n'a pas effacé d'un coup une oeuvre qui malgré
le terrorisme intellectuel, continue à murmurer que l'espoir
de revoir le " SOLEIL INVAINCU " n'est pas mort.
Aujourd'hui que les descendants des vainqueurs nous offrent l'essentiel
de leurs fruits, magouilles en tous genres, bla-bla, et une échelle
pour descendre toujours plus bas, on pense avec émotion à
celui qui s'écria " ON NE ME FERA JAMAIS RIEN FAIRE
POUR DE L'ARGENT ".
IL faut se souvenir enfin qu'il aurait pu quitter la France et qu'il
pouvait par-là sauver sa vie. Céline fut mieux inspiré.
Brasillach refusa la fuite, restant auprès de sa mère
pour laquelle il craignait des représailles, c'est dire le
peu d'estime qu'il avait pour ses libérateurs. Et puis existait
aussi pour lui une autre mère la France. C'est rare qu'une
mère assassine ses meilleurs enfants, et cette mère
indigne est toujours à l'uvre. Mais peut-être que
notre pays après tout n'est pas libre de ses instincts. Il
faudra bien un jour abattre les frontières de la bêtise
que l'intelligence dévoyée élève sur les
terres toujours prêtes à de féconds labours.
Tous les 6 février, je me souviens de ton dernier cri, "courage
! ", il nous entraîne aux marches du soleil renaissant.
Pauvres juges et jurés, on se souvient déjà plus
de vous, mais vous l'avez immortalisé, comme André Chénier,
Garcia Lorca ou Giordano Bruno.
Enfin sans citer son nom, laissons le temps balayer les miasmes de
l'histoire, j'évoquerai un des commissaire du gouvernement,
qui après l'exécution tira sa montre et dit " avez-vous
remarqué comme nous avons respecté l'horaire ".
Nous aussi, nous saurons respecter l'Horaire. |
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Du
"Voyage" à "Rigodon", le plus grand poète
du XXeme siècle.
Il ne
faut recommander à la jeunesse que les écrivains courageux,
ceux dont l'uvre comme un mégot dans la nuit dénonce
aux tirs de l'ennemi. Les autres, même s'ils écrivent
bien, avec génie, laissons-les pour plus tard ou pour les
spécialistes.
Genet, Drieu, Giono, Pound incitent à la révolte,
à la subversion, au refus, au non. Céline aussi.
Tout à commencé pour lui, en écriture, avec
Semmelweis, médecin viennois, persécuté pour
avoir dit que la mort des filles en couches venait de la malpropreté
des médecins.
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Céline mettait
donc cette sentinelle sombre et véridique au seuil de son uvre.
Puis il cria pour nous faire entendre que la vraie démocratie,
qui contient autant de royauté et de noblesse que n'importe
quelle monarchie, crevait doucement de la malpropreté des professionnels
de la politique. Semmelweis s'oppose au monde suffisant et ignare
des docteurs qui ne se lavent
Pas les mains ; Céline, stéthoscope du génie
au cou, lui débusque ces autres germes fatals du mal qui tue
les civilisations en couche : l'esprit vilement utilitaire, le marchandage,
et les peintres sales qui ternissent le monde et son enchantement
naturel.
Un beau matin, Céline rabattit son heaume et dardant son stylo,
ne vit plus par la visière que l'essentiel : le galop fulgurant
de son imagination nourrie du sang de la vérité.
Et c'est pour cela que paru en 1932, " Voyage au bout de la nuit
" qui nous traîne encore froidement vers un but inconnu,
mais qui de toute façon est notre salut. Si nous le voulons
et que notre génération découvrira peut-être.
Mais on ne pourra pas dire qu'elle n'aura pas été prévenue.
On a soutenu de Céline qu'il avait dit n'importe quoi. Devant
un danger imminent on est excusable de tirer au jugé et d'occire
des demi-coupables.
Certes, on ne peut accuser l'envahisseur de tous les maux. Seul le
niais sans méfiance, gibier facile, est d'abord responsable
du mal qui fond sur lui. Les pamphlets sont des salves qui répondent
instinctivement à l'horizon menaçant.
Il hérita de sa mère, dentellière, l'art du bel
ouvrage qui laisse passer une lumière qui vient de loin, de
très profond en lui. Et qui porte loin. Là où
il faut que nous allions.
Et son écriture avec ce miracle avec ce miracle n'allait pas
cesser de pourfendre la grimace bourgeoise. Son style n'était
pas seulement un bistouri mais aussi un cautère. Cependant,
certains malades ne veulent pas guérir. Peut-être obéissent-ils
à des instincts de mort, de destruction et participent ainsi
à la vie qui bouge. Il faut faire de la place.
Céline était persécuté comme avant lui
Copernic et quelques autres découvreurs de vérités.
La société n'aime pas qu'on lui dise ses quatre vérités.
Que des godelureaux la chahute un peu au nom de pseudo vérités,
utopies lénifiantes et honteuses, lui pince les fesses sans
aller à la violenter pour faire naître quelque avenir
différent, passe encore : on saura bien exploiter cette juvénile
et prétentieuse innocence, mais que des mains pures lui brandissent
un miroir, alors ce qui reste d'âme à cette belle se
brise et le héros par juges et procureurs interposés
devra rendre compte et parfois vie.
On nous bassine avec le bicentenaire, mais la révolution à
l'état pur c'est Céline. On le disait médecin
des pauvres. C'est vrai, quand on est médecin des Français,
on est vraiment médecin des pauvres. Les Français qui
vont comme des poissons ignorants de l'immense richesse de leur océan,
mais où se glissent des races de requins mangeurs d'hommes,
prêts à les ingurgiter après passage dans la moulinette
des télévisions et des journaux.
On a traîné la jeunesse, sur les abattoirs pour vendre
des cercueils et des marbres à nos veuves. Tous ces monuments
noircis des noms de ceux de 14 et de 40 sont la muette réprobation
de ce que nous sommes devenus et de ce que nous avons fait de leur
immense sacrifice.
Céline eut un dernier souhait, monstrueux certes pour la jeunesse,
mais les temps l'exigeaient et la victoire de demain aussi. Que les
héros refusent désormais de livrer bataille pour des
tribus qui ne conviennent pas. Laissons ça aux pilleurs de
cadavres. Regardez, espoirs d'aujourd'hui, joyeusement, l'effondrement
des richesses et des décors bourgeois dans la poussière
des idéologies fumeuses et qui auront permis trop longtemps
d'engraisser fonds de commerce et tenanciers de la laideur.
Attention, il y a des gens experts en pièges de toutes sortes
qui nous préparent entre deux discours larmoyants quelques
bonnes boucheries pour anéantir les valeurs dont la jeunesse
d'Europe, malgré tout, est garante.
L'épigraphe de " Voyage au bout de la nuit ", vieille
chanson des gardes suisses, élite qui se sacrifia à
la Bérézina pour sauver les restes de la grande armée,
loin d'être le pessimisme même, nous invite à reprendre
sous les grisailles et l'orage.
" Notre vie est un voyage
Dans l'hiver et dans la nuit
Nous cherchons notre passage
Dans le ciel où rien ne luit. "
C'est l'espoir même. |
Julius EVOLA - Révolte contre le monde moderne. |
Un
prodigieux réquisitoire.
Parce qu'il aurait volé le feu, se rebellant contre des
dieux supposée jaloux, les Temps modernes, animés
par ce ressentiment dont Nietzsche allait être l'impitoyable
analyste, ont porté Prométhée sur le pavois.
Le marxisme a célébré en lui un des pères
fondateurs de la religion du progrès. |
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Il est par bonheur
(il était car ce bonheur nous l'avons perdu) d'autres rapports
avec les dieux que ceux qu'inaugura Prométhée, et
qui nous ont conduits à ce qu'il faut bien appeler la barbarie
humaniste. Ces rapports fondés sur la piété,
l'Europe ancienne les connut. Les connurent ces civilisations traditionnelles
que Julius Evola, dans sa Révolte contre le monde moderne,
oppose à notre civilisation profane. Deux postulats, qui
sonnent comme un défi, portent ce maître livre qu'a
publié l'Âge d'homme dans une nouvelle traduction de
Philippe Baillet, suivi d'une bibliographie française établie
par Alain de Benoist.
Être.
Le premier postulat, à caractère ontologique, assure
qu'au-delà du devoir il y a l'Être, au-delà
de l'Histoire un monde supratemporel, toutes choses qui demeureraient
évidentes si l'épais matérialisme ambiant n'obscurcissait
les esprits. L'autre postulat affirme la nature décadente
du monde moderne. Comme lui même lui-même le précise,
Evola se préoccupe moins de démontrer que d'éveiller,
que de rappeler que la vie humaine n'a de sens que rattachée
au suprahumain, l'initiation, le rite, la caste s'avérant
comme autant de moyens donnés à l'homme de la Tradition
afin de l'aider à se surmonter. Ce qui précède
suffit à distinguer radicalement l'attitude d'Evola des nombreuses
révoltes qui défraient la chronique. À ces
révoltes manque un fondement. Prenons également garde
qu'ici l'opposition entre l'homme moderne et l'homme traditionnel
est d'abord métaphysique. Les deux hommes n'appartiennent
pas à la même espèce , l'un vivant dans la prison
de la matière et du temps, l'autre dans une méta-histoire.
Il s'agit en réalité de deux catégories à
priori, réalités que, bien sûr, ignore la pseudo-science
historique.
Une aristocratie.
Tout se tient, dans cette Révolte qui, à la
fois nourrie d'une prodigieuse culture et de fulgurantes intuitions,
évoque une immense, une sublime nef aux cent travées.
Qui emporte irrésistiblement le lecteur, non sans qu'au préalable
Evola ait lentement exposé les bases doctrinales ou principes
normatifs.
Pour que ceux-ci s'actualisent, il faut le roi, dûment investi,
dont la fonction, part le canal des actions rituelles, est de ménager
l'accès au monde supérieur. Qui dit royauté,
royauté sacrée, dit nécessité d'une
loi, d'un État tourné vers la transcendance, ce dernier
étant au peuple, loin qu'il doive à celui-ci la légitimité,
ce que la forme est à la matière, l'idée à
la nature, la masculin au féminin. Incarnation de l'universelle,
l' État, dans le système évolien, se doit de
se hausser au niveau de l'Empire.
L'un comme l'autre réclament l'intervention du rite, lequel,
jouant le rôle d'indispensable ciment, obéit à
des règles strictes. Action rituelle par excellence, le sacrifice
offre une voie privilégiée de communication avec les
forces invisibles. " Il ne dissout que pour resceller."
Le bon fonctionnement des rites requiert ces gardiens que sont les
brahmanes chez les Indo-Aryens, les patriciens en Chine comme en
Grèce et à Rome.
À l'origine des castes, la certitude que la naissance n'est
pas le fruit du hasard, qu'elle a une signification dont il convient
de tenir compte si l'on veut réaliser son être propre.
Nul racisme, nul biologisme dans ces considérations, les
castes supérieures ne s'expliquant pas par le sang. C'est
en fait de races de l'esprit qu'il serait plus juste de parler.
Au dessus des castes, on trouve la voie de l'ascète, terme
qui ne désigne rien d'autre qu'un être voué
à la connaissance et n'implique en conséquence aucun
moralisme.
Une autre grande voie est celle du guerrier, voué à
l'action, grande car la guerre elle aussi peut déboucher
sur la sainteté. Vues dissonantes qu'admettront difficilement
nos contemporains, comme est plutôt scabreuse la conception
traditionnelle des rapports entre homme et femme. Abordant ce thème,
Evola, on n'en sera pas surpris, rompt en visière au féminisme
régnant. Dans des pages parmi les plus antimodernes, il s'attache
à mettre en relief les différences fondamentales entre
les deux sexes.
Ces assises solidement disposées (elles occupent la moitié
du livre, avec des réflexions sur le symbolisme polaire,
les hyperboréens), l'auteur, " érudit de génie
" a dit Yourcenar, nous entraîne dans un vertigineux
plongeon au cur des civilisations, magnifiant le miracle romain,
glorifiant la renaissance médiévale (seule digne du
nom), décodant en revanche des traits acérés
à l'utopisme, à la ploutocratie dont accouchera la
Révolution, usant d'un ton acerbe pour dépeindre l'individu
faussement émancipé qu'engendreront les temps nouveaux.
L'uvre.
J'entends déjà les sarcasmes que va susciter Evola,
s'ils le lisent, chez les gardiens du dogme égalitaire. Passéisme,
anachronisme, diront-ils, homoncules imbus d'une sagesse cadavérique.
Ayant découvert La Crise du monde moderne, Gide déclarait
: "Si Guénon a raison, mon uvre s'écroule."
Avait-il lu Evola ? L'ouvrage de celui-ci a quelque chose d'effrayant,
même pour qui connaissait auparavant les textes du philosophe.
Ce qui effraie, c'est l'étendue de la désolation que
l'ouvrage met au jour, la gravité du mal. Rien d'étonnant
dès lors à ce que marchands et amuseurs publics tiennent
le haut du pavé. Notre époque peut bien se farder
de culture, se croire le faîte de l'histoire, la vérité
est qu'elle campe sur les ruines de l' Être contre le Néant.
Si on peut ranger la Révolte auprès de cet autre grand
livre qu'est le Déclin de l'Occident, la somme évolienne
s'en sépare par la passion dont elle est habitée,
Evola, au fur et à mesure qu'il s'approche des Temps modernes,
contenant difficilement son mépris, argumentant cum ira
et studio. C'est que la Révolte est l'uvre
d'un croisé -droite pour lui signifiait droiture- qui ne
se souciait pas seulement des clés, mais aussi d'ouvrir une
tranchée.
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Mistral, l'homme de Provence. |
"
Je me sentis humilié, non seulement en ma personne, mais
dans toute ma famille, dans toute ma race
"
Au cortège royal , Frédéric Mistral n'en
peut plus. On lui interdit de parler l'idiome des siens, il
subit les moqueries des " franchimands ". Il a quinze
ans, et le soir, pour résister, il en appelle "
à ses fées, ses légendes, ses saints, ses
étoiles
" Il communique avec ce monde grâce
à la musique des syllabes de chez lui, du mas de Maillane
où il avait vu le jour en 1830.
Dans cet établissement, débarque bientôt
un certain Joseph Roumainville, qui vient assurer un poste de
surveillant, qui par ailleurs collabore à des publications
provençales. Les voila deux pour parler la langue stigmatisée
par l'enseignement officiel, la langue de la garrigue et des
mas du soleil. |
 |
Sa
langue vit donc malgré tout, des linguistes s'en préoccupent
pour contrer abâtardissement dans le patois des villes. Mistral
commence à façonner des vers. Quelques années
passent, et un beau jour, le 21 mai 1854, dimanche consacré
à saint Estelle, ils sont réunis avec cinq autres
amis à Font-Ségugne. Les acacias embaument, la Provence
frissonne de lumière
De temps en temps, à la
dérobée, les gaillards observent de jeunes comtadines
sur la terrasse, mais ils sont là surtout pour fonder le
Félibrige, " lisèt felibre de la lèi "
les sept spécialistes de la Loi. L'objectif : faire renaître
la culture provençale, et, pour cela, combattre les avancées
du français. " Et nous font du français, qu'ils
estropient à fond, de tous les patois le plus affreux peut-être
" (Camille Reybaud, poète de Carpentras). Aujourd'hui,
Mistral et ses amis seraient sûrement attristés de
voir si mal enseigné notre idiome national
Les voilà
donc qui luttent de toutes leurs forces contre le désenchantement
du monde par les curs secs.
Le Félibrige crée " l'Armana prouvençau
" qui diffuse la culture et l'orthographe de la belle langue
libre, élabore des dictionnaires, et organise des congrès,
des débats lexicologiques. La langue des troubadours se réveille.
Lors de jeux floraux, organisés tous les sept ans, est élue
la reine du Félibrige qui incarne la beauté de ce
réveil. Lejeune Charles Maurras suivra avec intérêt
cet élan qui contrarie, et la gauche, qui y perçoit
du cléricalisme, et l'Eglise, une forme maçonnerie.
Déjà, Mistral travaille à sa grande uvre,
Mireio. " Depuis le berceau, je l'avais entendu dans la maison.
Quand mon aïeule maternelle voulait gracieuser quelques unes
de ses filles : c'est Mireille, disait-elle, c'est la belle Mireille,
c'est Mireille, mes amours ! " Lamartine y percevra le souffle
d'Homère
Mistral réenchante véritablement
notre monde
Dans ses mémoires, il cinglera les acharnés à
tuer la poésie : " Si, à vingt ou trente ans,
lorsque l'amour vous prend pour une belle fille rayonnante de jeunesse,
quelque fâcheux anatomiste venait nous tenir ce propos : veux-tu
savoir le vrai de cette créature qui a tant d'attrait pour
toi ? Si la chair lui tombait, tu verrais un squelette ! "
Voici qui rappelle une certaine éducation sexuelle
Au collège royal, un professeur s'était enflammé
pour ses héros de la Révolution : " Quels hommes
! Desmoulin, Danton, Saint-Just
Nous sommes des vermisseaux
aujourd'hui, nom de dieu ! "
Et Roumanille de lui rétorquer : "
tes géants
conventionnels, des coupeurs de têtes ! des traîneurs
de crucifix ! des monstres dénaturés, qui se mangeaient
les uns les autres, et que, lorsqu'il le voulut, Bonaparte acheta
comme pourceaux en foire ! "
Parfois sensible à la mythologie révolutionnaire,
Mistral s'entendit raconter par son père, qui avait pourtant
eu à souffrir de quelque nobliau, l'histoire de Durand-Maillane.
Président de la Convention . Cet homme n'avait pas voulu
signer la mort du roi et avait répondu à son neveu,
signataire de la condamnation, " tu es jeune, et quelque jour
tu le verras, le peuple va payer par des millions de têtes
celle de son roi ! "
A Montpellier, Mistral rappelle en 1875 quelques vérités
essentielles : "
le monde, en ce temps-là, vivait
plus naturel, et l'on ne rougissait pas de son village, et pour
aimer la France, il n'était pas nécessaire de parler
français ! " A Albi, cette leçon : " il
y a quelque chose que les morts nous demandent, et à laquelle
les morts ont droit lorsqu'ils sont tombés dans la bataille
: c'est le souvenir ! " Avant Barrès, la Terre et les
Morts
Au Museon Arlaten, fondé avec l'argent du Nobel qu'on lui
a décerné en 1904, entre mille objets noblement populaires,
Mistral a déposé dans un coffret de cristal, le "
cabeladuro d'or ". Grande chevelure blonde découverte
dans un caveau seigneurial de l'antique chapelle des Baux. La Toison
d'Or de Provence
Ainsi Mistral aura lutté jusqu'au bout contre le nivellement
de la médiocrité, hydre toujours à l'uvre
Il aura milité pour la république des petites patries,
pour que naisse la république du soleil, afin que les filles
d'Arles portent longtemps encore le ruban, et la dentelle qui orne
leur gorge, la chapelle
Pour nous soulever vers ce but, il
nous a légué aussi la cantique sacré, le chant
qui fait briller les nuits de solstice, à Montségur,
sur le Caylar ou à la Ste-Baume
le Coupo Santo. La
coupe qui fait le tour des convives à la sainte Estelle.
Telle est l'äme de la Provence, toujours menacée
mais immortelle.
|
Friedrich NIETZSCHE |
Nationalisme,
matérialisme, spiritualisme, les courants philosophiques,
dérivés des grands systèmes du passé,
sont nombreux au dix-neuvième siècle. La Révolution
a rompu l'unité dans tous les domaines, artistique, social,
intellectuel, l'individualisme trouve là un terrain favorable,
et les doctrines s'affrontent dans une confusion sans précédent. |
 |
Tout opposés
qu'ils soient, les philosophes s'accordent pourtant sur un point
: il ne viendrait à l'esprit d'aucun d'enter eux de remettre
en question la morale. Chrétienne ou laïcisée,
elle s'impose comme un donné définitif, constitutif
de l'humanité, un absolu. Surgit tout à coup un philosophe
qui, ayant crié " Dieu est mort " ose se dresser
conter elle, engager contre elle une guerre sans merci. Nietzsche,
ainsi se nomme ce blasphémateur dont les livres, d'abord
passés inaperçus, feront bientôt l'effet d'une
séisme. Quelques moralistes dont il est nourri (la Rochefoucault,
Chamfort), avaient déjà dévoilé les
soubassements de l'idéalisme, mais avec Nietzsche il s'agit
soudain d'un réquisitoire en règle dont la violence
est inouïe. Dans la Généalogie de la morale,
dans l'Antéchrist, il met à nu les ressorts, non pas
de la morale tout court, précisons-le, mais de cette morale
égalitaire que le christianisme promeut.
Pour Nietzsche les choses sont claires. Affirmant l'existence d'un
Au-delà, le christianisme tend à discréditer
le monde où nous vivons. Plaçant au premier plan la
pitié, il contrarie la loi de l'évolution qui est
une loi de sélection. Il mène, ce faisant, au nihilisme,
ce que confirme, il est difficile de n'en pas convenir, l'état
présent de l'Europe. A cet égalitarisme mortifère
Nietzsche oppose l'Inde traditionnelle, il oppose les lois de Manu,
lesquelles divisent la société en castes, les brahmanes
(ceux qui savent), les guerriers, et enfin les producteurs. On reconnaît
ici la tripartition que Dumézil mettra bientôt en lumière.
Au travers du christianisme vise la " plèbe socialiste
" (ce sont ses termes), coupable de cultiver chez les faibles
l'envie, le ressentiment. Dès la Naissance de la tragédie,
son premier livre et sans doute le plus beau, il repousse le socratisme
destructeur. En Socrate il voit en effet une préfiguration
de l'homme moderne, prisonnier d'une raison courte hostile aux grands
mythes nourriciers. Exemples privilégiés de ceux-ci
Apollon et Dionysos (Apollon en qui s'incarnent mesure et clarté,
Dionysos en qui se manifeste le chaos originel, provoquant chez
ses disciples l'extase, le délire). La tragédie grecque
met ces dieux en présence, instaurant entre eux un dialogue
fécond, exaltant. Hélas ! à celui-ci le socratisme,
ce ver rongeur, mettra fin, et ce sera l'amorce du déracinement,
culture et savoir s'avérant incapables de rétablir
le contact avec les énergies cosmiques, avec la vie.
Le surhomme de Nietzsche a donné lieu à toute sorte
d'interprétations. Si nous retenons la plus crédible,
celui-là serait un surhomme qui accepterait l'éternel
retour, à savoir l'idée de revivre sa vie, dans les
joies et ses souffrances, de la revivre sans fin. Nietzsche prône
ici l'amer fati, l'amour du destin. Philosophe immense dont tout
le vingtième siècle est débiteur, Nietzsche
n'est pas toujours d'un abord facile, mais sa lecture récompense
amplement l'effort. L'uvre est si riche, si complexe, qu'on
s'est réclamé d'elle tout au long du vingtième
siècle pour justifier les doctrines les plus contradictoires.
Un journal italien, en 1976, ne craignait pas de titrer " Nietzsche
le gauchiste ". Criante contre-vérité. Nul n'était
moins de gauche que ce philosophe qui raille à tout moment
les utopistes, les " améliorateurs de l'humanité
".
Né en 1844 à
Rocken (Prusse), Nietzsche est mort à Weimar en 1900. Parmi
ses uvres principales, outre la Naissance de la tragédie,
le Gai savoir, Par delà le bien et le mal,
Ainsi parlait Zarathoustra. Deux courts ouvrages récemment
parus peuvent faciliter la compréhension de l'uvre.
Ce sont : Nietzsche ou la passion de la vie (Les essentiels Milan)
et surtout Nietzsche, cruauté et noblesse du droit (Editions
Michalon).
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ORTEGA y GASSET |
Ortega
y Gasset, un nom que l'intelligentsia ne cite pas, ou ne cite que
très rarement. Rien d'étonnant à cela, l'uvre
de ce philosophe espagnol prenant le conter-pied de l'idéologie
dominante. Dans son livre le plus connu, (le seul vraiment connu en
France) la Révolte des Masses, il met le doigt sur le grégarisme,
dénonçant dans la démocratie, dans ses conséquences
sur l'art, la pensée, les coutumes, le mal le plus dangereux
dont puisse être atteinte une société. "
Le dix-neuvième siècle a faussé la perspective
en situant la politique au premier plan. " Autre tare, le mercantilisme
de la société industrielle, société à
laquelle le philosophe oppose le moyen-âge, époque qui
plaçait l'idée d'obligation au dessus de l'idée
de droit. Si le Progrès n'est au yeux d'Ortega qu'une idole,
la Culture en est une autre. Sans cautionner l'irrationalisme contemporain,
il récuse cette culture, devenue, à l'égal du
sport-spéctacle, un ersatz de religion. " Nous la divinisons,
écrit-il, nous voulons qu'elle nous sauve et nous justifie
au lieu de nous sauver nous-mêmes. Le résultat, c'est
la surproduction d'idées, de livres, d'uvres prétendues
artistiques. A l'origine d'une telle situation la crise que nous traversons,
troisième grande crise européenne. La première,
Ortega la situe au soir du paganisme. La deuxième, en ces temps
qui voient peu à peu, à partir de Descartes, la foi
dans la raison triompher. A son tour le rationalisme est aujourd'hui
battu en brèche, et avec lui le progressisme et l'égalitarisme,
ces croyances qu'il avait engendrées. Le faux, c'est l'utopie,
c'est à dire la vérité vue de nulle part.. il
est urgent de reprendre contact avec la réalité, avec
la vie qui est, fondamentalement, naufrage , insécurité.
La raison pure disqualifiée doit donc céder le pas à
la raison vitale.
Ortega y Gasset, né en 1883 est mort à Madrid en 1955.
D'abord favorable à la république, il la désavouait
bientôt en raison des désordres consécutifs à
son avènement, et s'exilait en 1936, ne rentrant en Espagne
qu'en 1945.
La Révolte des Masses était rééditée
en 1986 par le livre-club du Labyrinthe, assortie d'une importante
préface d'Arnaud Imatz. Autres ouvrages essentiels, qui restent
à traduire : Au sujet de Galilée, Méditations
du Quichotte, Le Spectateur.
Quelques pensées
d'Ortega y Gasset :
" C'est parce que, bon gré malgré, nous sommes
placés devant la tâche de vivre qu'il nous faut exercer
l'intellect. LA connaissance ne trouve pas en elle-même sa
justification. Elle procède de notre insécurité,
et l'homme cherche une certitude. Il a besoin de savoir, c'est-à-dire
de croyances sur lesquelles s'appuyer. Or les époques de
crises se définissent par la disparition de ces croyances
auxquelles, pour ne pas sombrer, nous substituons des idées.
Car nous avons des idées mais nous sommes nos croyances.
Croire en quelque chose n'est pas avoir l'idée de cette chose,
c'est compter sur elle. Tant que l'homme croit, l'homme ne se sert
pas de l'intellect, mais dès qu'il tombe dans le doute il
s'y cramponne comme à une bouée de sauvetage. "
" L'homme moyen
d'aujourd'hui a été gâté par le monde
qui l'entoure, par le bien être et le confort. Il ne fait
appel à aucune instance extérieure. Ingénument,
il tend à affirmer que tout est bon de ce qui est en lui
: opinions, goûts, etc ; l'homme-masse se sent parfait. En
politique, en art, il adopte une attitude de véritable ignorant,
mais avec énergie et suffisance sans admettre que ces domaines
puissent avoir leurs spécialistes. "
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Le
sulfureux héritage de SAINT-LOUP |
Un
anniversaire oublié, c'est celui de Saint-Loup, qui naquit
le 19 mars 1908 à Bordeaux. Il est vrai qu'en ces temps de
détresse identitaire, l'écrivain disparu en décembre
1990 sent le soufre. On ne préconise pas impunément
le respect de l'héritage racial ! |

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LE SANG
ET LA SUEUR
Saint-Loup passa les dernières années de son existence
dans le village dauphinois de Vif; Est-ce fortuit ? Ou plus vraisemblablement
une façon de dire aux bons Européens, ceux pour qui
et aux côtés de qui il a combattu, qu'il sera toujours
parmi eux ? Sur les hauteurs du village ont été exhumés
au tout début du siècle des vestiges, parmi lesquels
ces tombes connues sous le nom de Saint-Loup. Encore un " heureux
hasard " ?
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Voire... Il y a peu
de place pour le hasard chez l'auteur des Copains de la Belle Etoile.
Il a construit sa vie autour d'hommages et de mythes. Il a tracé
une voie lumineuse pour qui ne sait pas d'où il vient. Il
est comme un étendard solidement planté au milieu
d'un champ de bataille ou d'une bourrasque ; il est, pour reprendre
cette belle formule évolienne, homme au milieu des ruines.
Homme sans cesse en mouvement, guerrier, explorateur, accessoirement
écrivain, Saint-Loup est partout à sa place, et c'est
tant mieux pour nous. Une vie qui est à elle seule un roman
d'aventures... Skieur de fond en Laponie, animateur des Auberges
laïques de la jeunesse, pionnier de l'enduro en France, journaliste
à Sciences et Voyages, sergent dans la LVF et responsable
politique de la division Charlemagne, instructeur des troupes de
montagne de Perón en Argentine, andiniste et navigateur en
Terre de feu. Le parcours est époustouflant. C'est aussi
pourquoi l'on peut dire que Saint-Loup aura écrit ses livres
avec son sang et sa sueur.
L'ENGAGEMENT
Tout commence aux " jeunes de l'Europe nouvelle "; celui
qui est encore Marc Augier propose l'engagement dans la Légion
des Volontaires français. Au Congrès mondial des Auberges
de Jeunesse, le collaborateur de Léo Lagrange a compris que
les démocraties préparent la guerre. Pour lui c'est
une déchirure : les politiques ne semblent avoir tiré
aucun enseignement des carnages du précédent conflit
mondial. Il faut prendre parti.
On a souvent évoqué le pacifisme de Saint-Loup qui
s'engagea avant tout contre les véritables fauteurs de guerre.
Il en est vite revenu. Méditons cette confidence : "
Je ne voudrais pas ramasser, même dans la boue, notre pacifisme
d'antan. La guerre nous a révélé le sens de
la vie, qui n'est en aucune manière pacifiste. En dehors
du combat pour le peuple et pour la liberté, nous n'apercevons
pas de salut, nous ne découvrons aucune mesure acceptable
de la vie (...). Pour tout ce qui concerne les grands aspects de
leur existence : régimes, frontières, colonies, libres
passages des mers, les peuples s'en remirent toujours à la
guerre. Il y a peu de chance pour que les pacifistes réussissent
à modifier la loi biologique des espèces. ".
Concurremment, en écrivant ces lignes, Saint-Loup donne au
pacifiste le droit de s'exprimer, il accepte que " Le caractère
général et obligatoire de la guerre et de la mobilisation
" puisse être insupportable à certains. Mais il
effectue le distinguo entre ceux-là, les pacifistes dont
il n'est plus, et les guerriers dont la guerre est le privilège.
Il persiste et il signe : " Le combat est la meilleure et la
plus impitoyable sélection des aristocraties. "
Par son engagement dans la LVF, et celui de ses camarades, l'auteur
des "Volontaires" va trouver la " renaissance du
volontariat de la guerre ". Le légionnaire appartient
à une association de peuples européens, à l'image
des croisades de la chrétienté ! " Il y a quelque
chose dans notre geste légionnaire qui rappelle ces temps
fabuleux qui virent naître la culture occidentale... "
Les légionnaires sont 1es nouveaux bâtisseurs d'un
ordre de la chevalerie ; il ont prononcé des vux d'obéissance
et de pauvreté, ils ont retrouvé des règles
perdues depuis le Moyen-Age. De cette geste, Saint-Loup tire un
enseignement essentiel : " La vraie grandeur est toujours solitaire.
" Et c'est d'autant plus vrai quand on sait combien furent
vilipendés et diabolisés ceux qui choisirent de se
dresser contre le bolchevisme.
UN " RECOMMENCEMENT
"
Saint-Loup imagine un monument aux légionnaires avec, en
exergue, les noms des sacrifiés : " Ceux-là ont
donné leur vie pour qu'il y ait quelque part un recommencement...
" Cette tentative de recommencement est d'abord énoncée
dans la fameuse trilogie Volontaires-Hérétiques-Nostalgiques,
évocation brute du nouvel homme, aristocrate, élitiste,
bête de guerre exaltée par le manque de nourriture
et de sommeil. " Hors d'haleine, ruisselant de sueur, maigre
et bronzé, le gargon de la future brigade d'assaut SS , a
subi le destin qu'il a choisi. Pour survivre : une tasse de faux
café à peine sucré le matin, un litre de soupe
claire sans viande à midi, trente grammes de saucisse et
vingt-grammes de margarine de houille à 17 heures, quatre
cents grammes de pain pour vingt-quatre heures. Et c'est tout !
Pas de rabiot. " Le guerrier est un ascète, forcément,
puisqu'il entre en religion. Il prend la forme du capitaine Le Fauconnier,
personnage mystérieux, aux allures de fanatique. Cette nouvelle
religion dont il se fait l'apôtre auprès des légionnaires
est exigeante mais tout empreinte de noblesse. Même Mgr Mayol
de Luppé, l'aumônier de la troupe, y trouvera sa place
: " Au Christ souffrant, le national-socialisme oppose le Christ
combattant. " Tel celui que l'on voit, gigantesque glaive au
côté, sur une fresque du monastère serbe de
Detchani... au Kosovo !
Prêtres-guerriers, moines-soldats, tels qu'on en trouvait
au temps des templiers et des chevaliers porte-glaive... A ceci
près que " le christianisme a construit sa fortune sur
la lie biologique du monde romain, et ne s'est maintenu qu'en faisant
appel à la faiblesse naturelle de l'homme, en substituant
l'image fallacieuse du paradis aux dures réalités
terrestres. La fuite en avant est réservée aux lâches,
donc au plus grand nombre ". Nous entrons par là dans
le vaste et fascinant domaine des mythes.
GRAAL DES PAÏENS ET CONSCIENCE RACIALE
Le païen est, à l'instar du chrétien, à
la recherche de son Graal. En l'occurrence pour Saint-Loup : une
connaissance perdue que les nazis, soutenus par les aryosophistes
de l'Ahnenerbe, seraient allés récupérer du
côté de Montségur. Ce Graal n'aurait évidemment
rien d'une coupe ayant recueilli le sang du Christ mais peut-être
bien après tout une table des lois comportant, gravés
dans la pierre en écritures enchevêtrées, les
grands principes de la race aryenne.
Cette religion oubliée, où les notions de combat et
de race sont de toute évidence privilégiées,
est présente dans la plupart des ouvrages de Saint-Loup ;
Nouveaux Cathares, Les Hérétiques, Götterdämmerung...
Leur auteur va même jusqu'à préciser en quel
endroit repose le précieux coffre plombé. Confié
à la crevasse d'un glacier autrichien, le front de la moraine
devrait logiquement le libérer avant la fin du siècle
!...
Ces lois aryennes, Saint-Loup les interprète de façon
très précise : contre une religion aveugle et primaire
de la race, il prône le bonheur pour chaque peuple à
l'intérieur de son groupe biologiquement défini ".
C'est aussi pourquoi il déplore le pangermanisme. Humanité
biologiquement supérieure - et eugénisme -, certes,
mais tenue éloignée de tout racisme pseudo-scientifique.
A un personnage des Nostalgiques qui s'explique face à son
juge, Saint-Loup fait dire : " Nous sommes seulement des hommes
de race blanche qui venons de retrouver notre conscience raciale
et la tenons pour déterminante dans tous les actes de la
vie et pour l'avenir de notre descendance responsable de l'essor
de la civilisation
"
Mais Saint-Loup va plus loin ; il ne se contente pas d'évoquer
une race dont la conscience s'arrêterait à la couleur
de la peau. L'idée des ethnies, des " patries charnelles
" qui composent l'Europe et doivent retrouver leurs racines
profondes, est chez lui déterminante. Dans Les SS de la Toison
d'Or, il rapporte l'épopée de Léon Degrelle
combattant pour la résurrection de la Grande Néderlande
et de l'idéal bourguignon. Ces thèmes trouvent aussi
leur place dans des ouvrages comme Nouveaux Cathares pour Montségur
(Occitanie), La République du Mont Blanc (Savoie, pays d'Aoste),
Plus de Pardons pour les Bretons ou Le Sang d'Israël.
Quand ils ne sont pas légionnaires, les héros de Saint-Loup
se nomment Barbara, Marcheron, Juan Jorge Link, Eugen Guido Lammer
ou... Guido La Meslée. Guido La Meslée, noble figure
de Face Nord, est chef d'un Centre Jeunesse et Montagne, II personnifie
à lui seul la hauteur d'âme, la performance, le défi,
l'amour de 1a compétition. Dans ce roman - où le Zarathoustra
de Nietzsche n'est jamais loin - on retrouve tous les thèmes
chers à Saint-Loup. C'est un feu d'artifice, qui coupe le
souffle du lecteur, le sonne, l'épuise bel et bien...avant
de le pousser à chercher les plus grandes et les plus folles
confrontations avec cette beauté à elle seule contenue
"dans les virginités de la terre ".
Ici, l'écrivain s'attaque à la montagne avec la même
conviction, la même force qui lui firent décrire l'aventure
du front de l'Est. Son héros se dresse cette fois contre
les faibles, l'autorité hiérarchique de Vichy, et
l'Eglise. Ici aussi il demeure incompris par la majorité
; il est lâché, jugé. Mais au petit groupe qui
continue à le suivre, et qui est décidé à
passer sous des arches de lumière éclatante, il donnera
cette formule : " Je veux faire de vous les représentants
d'une humanité supérieure. Celle où l'homme
aura dominé la crainte de la mort. "
LES CONQUÉRANTS
Et maintenant, nous voici entraînés sur la trace des
conquérants des terres hostiles. Avec La Nuit commence au
Cap Horn, récit du génocide des Indiens à travers
l'acharnement d'un pasteur proAsélyte à la détermination
étonnante. Dans Monts Pacifique, l'écrivain rapporte
le détail d'une expédition qu'il organisa dans l'île
inexplorée de Sainte-Agnès où il comptait trouver
trace des derniers descendants des Indiens purs. Tandis que dans
Götterdämmerung, il avoue avoir été à
la recherche dans ce même archipel d'une base constituée
de rescapés de la débâcle allemande. Quand le
mythe pointe encore sous des horizons solitaires et glacés...
Pour terminer, nous laisserons tout d'abord la parole à Antoine
Germigny qui écrivit dans RIVAROL à propos, de Saint-Loup
cette phrase admirable : " Retrouver, au soir d'une rude journée
sa jeunesse intacte parce qu'on ne l'a pas trahie, c'est la plus
belle récompense qu'un homme puisse rêver. " Durant
sa longue existence, Saint-Loup aura toujours transmis le même
message sans jamais dévier. Comme il aimait si bien le dire
et le faire dire à ses personnages : " Mon honneur s'appelle
fidélité. " Ne laissons pas brûler son
oeuvre et tout ce qu'elle porte en elle de vital et de fondamental,
pour notre devenir et celui de nos enfants.
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