Robert BRASILLACH

Présence de Robert Brasillach.


L'intelligence à en croire ses " professionnels " doit avoir des frontières. Les bornes en seraient plutôt à droite. Pourtant il y a des talents qui bousculent ces dérisoires clôtures. Inondations lumineuses sur des terrains vagues ou des penseurs prétendument de gauche cultivent d'indigestes moissons et qui intoxiquent nos intelligences aujourd'hui en pleine dérive.
Robert Brasillach est un de ces déferlements de lumière que les forces obscures tentent toujours d'étouffer mais dont ils n'ont tué que le corps.


Comme je plaindrais des juges désignés par un pouvoir politique de droite et qui enverrait Aragon au poteau, pourtant complice d'un Staline bien plus costaud qu'Adolf dans le lessivage et auteur d'une petite phrase qui en dit long sur le contenu moral du poète communiste : "J'ai toujours eu la vocation de la trahison ". C'est clair.
Et les maisons de la culture dédiées à Aragon ne s'écroulent pas pour autant, malgré l'accord parfait entre la marque de la boite et le produit distillé dans ces officines. Rassure-toi camarade je ne pousserai pas l'audace jusqu'à demander une maison de la culture" Robert Brasillach " même dans sa ville natale Perpignan.
Robert Brasillach avait salué " le fascisme immense et rouge " avec l'enthousiasme d'une âme pure.
Il avait cru avec toute sa sensibilité à cette nouvelle ère de chevalerie qui semblait se lever alors dans quelques pays d'Europe.
La réalité ne fut pas toujours au niveau de ses souhaits mais cela ne retire rien à l'authenticité de ses rêves. Une salve de déshonneur, un 6 février 1945, à 9 heures 38, n'a pas effacé d'un coup une oeuvre qui malgré le terrorisme intellectuel, continue à murmurer que l'espoir de revoir le " SOLEIL INVAINCU " n'est pas mort.
Aujourd'hui que les descendants des vainqueurs nous offrent l'essentiel de leurs fruits, magouilles en tous genres, bla-bla, et une échelle pour descendre toujours plus bas, on pense avec émotion à celui qui s'écria " ON NE ME FERA JAMAIS RIEN FAIRE POUR DE L'ARGENT ".
IL faut se souvenir enfin qu'il aurait pu quitter la France et qu'il pouvait par-là sauver sa vie. Céline fut mieux inspiré. Brasillach refusa la fuite, restant auprès de sa mère pour laquelle il craignait des représailles, c'est dire le peu d'estime qu'il avait pour ses libérateurs. Et puis existait aussi pour lui une autre mère la France. C'est rare qu'une mère assassine ses meilleurs enfants, et cette mère indigne est toujours à l'œuvre. Mais peut-être que notre pays après tout n'est pas libre de ses instincts. Il faudra bien un jour abattre les frontières de la bêtise que l'intelligence dévoyée élève sur les terres toujours prêtes à de féconds labours.
Tous les 6 février, je me souviens de ton dernier cri, "courage ! ", il nous entraîne aux marches du soleil renaissant.
Pauvres juges et jurés, on se souvient déjà plus de vous, mais vous l'avez immortalisé, comme André Chénier, Garcia Lorca ou Giordano Bruno.
Enfin sans citer son nom, laissons le temps balayer les miasmes de l'histoire, j'évoquerai un des commissaire du gouvernement, qui après l'exécution tira sa montre et dit " avez-vous remarqué comme nous avons respecté l'horaire ".
Nous aussi, nous saurons respecter l'Horaire.

Louis Ferdinand CELINE

Du "Voyage" à "Rigodon", le plus grand poète du XXeme siècle.


Il ne faut recommander à la jeunesse que les écrivains courageux, ceux dont l'œuvre comme un mégot dans la nuit dénonce aux tirs de l'ennemi. Les autres, même s'ils écrivent bien, avec génie, laissons-les pour plus tard ou pour les spécialistes.
Genet, Drieu, Giono, Pound incitent à la révolte, à la subversion, au refus, au non. Céline aussi.
Tout à commencé pour lui, en écriture, avec Semmelweis, médecin viennois, persécuté pour avoir dit que la mort des filles en couches venait de la malpropreté des médecins.

Céline mettait donc cette sentinelle sombre et véridique au seuil de son œuvre.
Puis il cria pour nous faire entendre que la vraie démocratie, qui contient autant de royauté et de noblesse que n'importe quelle monarchie, crevait doucement de la malpropreté des professionnels de la politique. Semmelweis s'oppose au monde suffisant et ignare des docteurs qui ne se lavent
Pas les mains ; Céline, stéthoscope du génie au cou, lui débusque ces autres germes fatals du mal qui tue les civilisations en couche : l'esprit vilement utilitaire, le marchandage, et les peintres sales qui ternissent le monde et son enchantement naturel.
Un beau matin, Céline rabattit son heaume et dardant son stylo, ne vit plus par la visière que l'essentiel : le galop fulgurant de son imagination nourrie du sang de la vérité.
Et c'est pour cela que paru en 1932, " Voyage au bout de la nuit " qui nous traîne encore froidement vers un but inconnu, mais qui de toute façon est notre salut. Si nous le voulons et que notre génération découvrira peut-être.
Mais on ne pourra pas dire qu'elle n'aura pas été prévenue.
On a soutenu de Céline qu'il avait dit n'importe quoi. Devant un danger imminent on est excusable de tirer au jugé et d'occire des demi-coupables.
Certes, on ne peut accuser l'envahisseur de tous les maux. Seul le niais sans méfiance, gibier facile, est d'abord responsable du mal qui fond sur lui. Les pamphlets sont des salves qui répondent instinctivement à l'horizon menaçant.
Il hérita de sa mère, dentellière, l'art du bel ouvrage qui laisse passer une lumière qui vient de loin, de très profond en lui. Et qui porte loin. Là où il faut que nous allions.
Et son écriture avec ce miracle avec ce miracle n'allait pas cesser de pourfendre la grimace bourgeoise. Son style n'était pas seulement un bistouri mais aussi un cautère. Cependant, certains malades ne veulent pas guérir. Peut-être obéissent-ils à des instincts de mort, de destruction et participent ainsi à la vie qui bouge. Il faut faire de la place.
Céline était persécuté comme avant lui Copernic et quelques autres découvreurs de vérités. La société n'aime pas qu'on lui dise ses quatre vérités. Que des godelureaux la chahute un peu au nom de pseudo vérités, utopies lénifiantes et honteuses, lui pince les fesses sans aller à la violenter pour faire naître quelque avenir différent, passe encore : on saura bien exploiter cette juvénile et prétentieuse innocence, mais que des mains pures lui brandissent un miroir, alors ce qui reste d'âme à cette belle se brise et le héros par juges et procureurs interposés devra rendre compte et parfois vie.
On nous bassine avec le bicentenaire, mais la révolution à l'état pur c'est Céline. On le disait médecin des pauvres. C'est vrai, quand on est médecin des Français, on est vraiment médecin des pauvres. Les Français qui vont comme des poissons ignorants de l'immense richesse de leur océan, mais où se glissent des races de requins mangeurs d'hommes, prêts à les ingurgiter après passage dans la moulinette des télévisions et des journaux.
On a traîné la jeunesse, sur les abattoirs pour vendre des cercueils et des marbres à nos veuves. Tous ces monuments noircis des noms de ceux de 14 et de 40 sont la muette réprobation de ce que nous sommes devenus et de ce que nous avons fait de leur immense sacrifice.
Céline eut un dernier souhait, monstrueux certes pour la jeunesse, mais les temps l'exigeaient et la victoire de demain aussi. Que les héros refusent désormais de livrer bataille pour des tribus qui ne conviennent pas. Laissons ça aux pilleurs de cadavres. Regardez, espoirs d'aujourd'hui, joyeusement, l'effondrement des richesses et des décors bourgeois dans la poussière des idéologies fumeuses et qui auront permis trop longtemps d'engraisser fonds de commerce et tenanciers de la laideur.
Attention, il y a des gens experts en pièges de toutes sortes qui nous préparent entre deux discours larmoyants quelques bonnes boucheries pour anéantir les valeurs dont la jeunesse d'Europe, malgré tout, est garante.
L'épigraphe de " Voyage au bout de la nuit ", vieille chanson des gardes suisses, élite qui se sacrifia à la Bérézina pour sauver les restes de la grande armée, loin d'être le pessimisme même, nous invite à reprendre sous les grisailles et l'orage.
" Notre vie est un voyage
Dans l'hiver et dans la nuit
Nous cherchons notre passage
Dans le ciel où rien ne luit
. "
C'est l'espoir même.

Julius EVOLA - Révolte contre le monde moderne.
Un prodigieux réquisitoire.

Parce qu'il aurait volé le feu, se rebellant contre des dieux supposée jaloux, les Temps modernes, animés par ce ressentiment dont Nietzsche allait être l'impitoyable analyste, ont porté Prométhée sur le pavois. Le marxisme a célébré en lui un des pères fondateurs de la religion du progrès.

Il est par bonheur (il était car ce bonheur nous l'avons perdu) d'autres rapports avec les dieux que ceux qu'inaugura Prométhée, et qui nous ont conduits à ce qu'il faut bien appeler la barbarie humaniste. Ces rapports fondés sur la piété, l'Europe ancienne les connut. Les connurent ces civilisations traditionnelles que Julius Evola, dans sa Révolte contre le monde moderne, oppose à notre civilisation profane. Deux postulats, qui sonnent comme un défi, portent ce maître livre qu'a publié l'Âge d'homme dans une nouvelle traduction de Philippe Baillet, suivi d'une bibliographie française établie par Alain de Benoist.
Être.
Le premier postulat, à caractère ontologique, assure qu'au-delà du devoir il y a l'Être, au-delà de l'Histoire un monde supratemporel, toutes choses qui demeureraient évidentes si l'épais matérialisme ambiant n'obscurcissait les esprits. L'autre postulat affirme la nature décadente du monde moderne. Comme lui même lui-même le précise, Evola se préoccupe moins de démontrer que d'éveiller, que de rappeler que la vie humaine n'a de sens que rattachée au suprahumain, l'initiation, le rite, la caste s'avérant comme autant de moyens donnés à l'homme de la Tradition afin de l'aider à se surmonter. Ce qui précède suffit à distinguer radicalement l'attitude d'Evola des nombreuses révoltes qui défraient la chronique. À ces révoltes manque un fondement. Prenons également garde qu'ici l'opposition entre l'homme moderne et l'homme traditionnel est d'abord métaphysique. Les deux hommes n'appartiennent pas à la même espèce , l'un vivant dans la prison de la matière et du temps, l'autre dans une méta-histoire. Il s'agit en réalité de deux catégories à priori, réalités que, bien sûr, ignore la pseudo-science historique.
Une aristocratie.
Tout se tient, dans cette Révolte qui, à la fois nourrie d'une prodigieuse culture et de fulgurantes intuitions, évoque une immense, une sublime nef aux cent travées. Qui emporte irrésistiblement le lecteur, non sans qu'au préalable Evola ait lentement exposé les bases doctrinales ou principes normatifs.
Pour que ceux-ci s'actualisent, il faut le roi, dûment investi, dont la fonction, part le canal des actions rituelles, est de ménager l'accès au monde supérieur. Qui dit royauté, royauté sacrée, dit nécessité d'une loi, d'un État tourné vers la transcendance, ce dernier étant au peuple, loin qu'il doive à celui-ci la légitimité, ce que la forme est à la matière, l'idée à la nature, la masculin au féminin. Incarnation de l'universelle, l' État, dans le système évolien, se doit de se hausser au niveau de l'Empire.
L'un comme l'autre réclament l'intervention du rite, lequel, jouant le rôle d'indispensable ciment, obéit à des règles strictes. Action rituelle par excellence, le sacrifice offre une voie privilégiée de communication avec les forces invisibles. " Il ne dissout que pour resceller." Le bon fonctionnement des rites requiert ces gardiens que sont les brahmanes chez les Indo-Aryens, les patriciens en Chine comme en Grèce et à Rome.
À l'origine des castes, la certitude que la naissance n'est pas le fruit du hasard, qu'elle a une signification dont il convient de tenir compte si l'on veut réaliser son être propre. Nul racisme, nul biologisme dans ces considérations, les castes supérieures ne s'expliquant pas par le sang. C'est en fait de races de l'esprit qu'il serait plus juste de parler. Au dessus des castes, on trouve la voie de l'ascète, terme qui ne désigne rien d'autre qu'un être voué à la connaissance et n'implique en conséquence aucun moralisme.
Une autre grande voie est celle du guerrier, voué à l'action, grande car la guerre elle aussi peut déboucher sur la sainteté. Vues dissonantes qu'admettront difficilement nos contemporains, comme est plutôt scabreuse la conception traditionnelle des rapports entre homme et femme. Abordant ce thème, Evola, on n'en sera pas surpris, rompt en visière au féminisme régnant. Dans des pages parmi les plus antimodernes, il s'attache à mettre en relief les différences fondamentales entre les deux sexes.
Ces assises solidement disposées (elles occupent la moitié du livre, avec des réflexions sur le symbolisme polaire, les hyperboréens), l'auteur, " érudit de génie " a dit Yourcenar, nous entraîne dans un vertigineux plongeon au cœur des civilisations, magnifiant le miracle romain, glorifiant la renaissance médiévale (seule digne du nom), décodant en revanche des traits acérés à l'utopisme, à la ploutocratie dont accouchera la Révolution, usant d'un ton acerbe pour dépeindre l'individu faussement émancipé qu'engendreront les temps nouveaux.
L'œuvre.
J'entends déjà les sarcasmes que va susciter Evola, s'ils le lisent, chez les gardiens du dogme égalitaire. Passéisme, anachronisme, diront-ils, homoncules imbus d'une sagesse cadavérique. Ayant découvert La Crise du monde moderne, Gide déclarait : "Si Guénon a raison, mon œuvre s'écroule." Avait-il lu Evola ? L'ouvrage de celui-ci a quelque chose d'effrayant, même pour qui connaissait auparavant les textes du philosophe. Ce qui effraie, c'est l'étendue de la désolation que l'ouvrage met au jour, la gravité du mal. Rien d'étonnant dès lors à ce que marchands et amuseurs publics tiennent le haut du pavé. Notre époque peut bien se farder de culture, se croire le faîte de l'histoire, la vérité est qu'elle campe sur les ruines de l' Être contre le Néant.
Si on peut ranger la Révolte auprès de cet autre grand livre qu'est le Déclin de l'Occident, la somme évolienne s'en sépare par la passion dont elle est habitée, Evola, au fur et à mesure qu'il s'approche des Temps modernes, contenant difficilement son mépris, argumentant cum ira et studio. C'est que la Révolte est l'œuvre d'un croisé -droite pour lui signifiait droiture- qui ne se souciait pas seulement des clés, mais aussi d'ouvrir une tranchée.


Mistral, l'homme de Provence.
" Je me sentis humilié, non seulement en ma personne, mais dans toute ma famille, dans toute ma race… "
Au cortège royal , Frédéric Mistral n'en peut plus. On lui interdit de parler l'idiome des siens, il subit les moqueries des " franchimands ". Il a quinze ans, et le soir, pour résister, il en appelle " à ses fées, ses légendes, ses saints, ses étoiles… " Il communique avec ce monde grâce à la musique des syllabes de chez lui, du mas de Maillane où il avait vu le jour en 1830.
Dans cet établissement, débarque bientôt un certain Joseph Roumainville, qui vient assurer un poste de surveillant, qui par ailleurs collabore à des publications provençales. Les voila deux pour parler la langue stigmatisée par l'enseignement officiel, la langue de la garrigue et des mas du soleil.

Sa langue vit donc malgré tout, des linguistes s'en préoccupent pour contrer abâtardissement dans le patois des villes. Mistral commence à façonner des vers. Quelques années passent, et un beau jour, le 21 mai 1854, dimanche consacré à saint Estelle, ils sont réunis avec cinq autres amis à Font-Ségugne. Les acacias embaument, la Provence frissonne de lumière… De temps en temps, à la dérobée, les gaillards observent de jeunes comtadines sur la terrasse, mais ils sont là surtout pour fonder le Félibrige, " lisèt felibre de la lèi " les sept spécialistes de la Loi. L'objectif : faire renaître la culture provençale, et, pour cela, combattre les avancées du français. " Et nous font du français, qu'ils estropient à fond, de tous les patois le plus affreux peut-être… " (Camille Reybaud, poète de Carpentras). Aujourd'hui, Mistral et ses amis seraient sûrement attristés de voir si mal enseigné notre idiome national… Les voilà donc qui luttent de toutes leurs forces contre le désenchantement du monde par les cœurs secs.
Le Félibrige crée " l'Armana prouvençau " qui diffuse la culture et l'orthographe de la belle langue libre, élabore des dictionnaires, et organise des congrès, des débats lexicologiques. La langue des troubadours se réveille. Lors de jeux floraux, organisés tous les sept ans, est élue la reine du Félibrige qui incarne la beauté de ce réveil. Lejeune Charles Maurras suivra avec intérêt cet élan qui contrarie, et la gauche, qui y perçoit du cléricalisme, et l'Eglise, une forme maçonnerie.
Déjà, Mistral travaille à sa grande œuvre, Mireio. " Depuis le berceau, je l'avais entendu dans la maison. Quand mon aïeule maternelle voulait gracieuser quelques unes de ses filles : c'est Mireille, disait-elle, c'est la belle Mireille, c'est Mireille, mes amours ! " Lamartine y percevra le souffle d'Homère… Mistral réenchante véritablement notre monde…
Dans ses mémoires, il cinglera les acharnés à tuer la poésie : " Si, à vingt ou trente ans, lorsque l'amour vous prend pour une belle fille rayonnante de jeunesse, quelque fâcheux anatomiste venait nous tenir ce propos : veux-tu savoir le vrai de cette créature qui a tant d'attrait pour toi ? Si la chair lui tombait, tu verrais un squelette ! " Voici qui rappelle une certaine éducation sexuelle…
Au collège royal, un professeur s'était enflammé pour ses héros de la Révolution : " Quels hommes ! Desmoulin, Danton, Saint-Just… Nous sommes des vermisseaux aujourd'hui, nom de dieu ! "
Et Roumanille de lui rétorquer : " …tes géants conventionnels, des coupeurs de têtes ! des traîneurs de crucifix ! des monstres dénaturés, qui se mangeaient les uns les autres, et que, lorsqu'il le voulut, Bonaparte acheta comme pourceaux en foire ! "
Parfois sensible à la mythologie révolutionnaire, Mistral s'entendit raconter par son père, qui avait pourtant eu à souffrir de quelque nobliau, l'histoire de Durand-Maillane. Président de la Convention . Cet homme n'avait pas voulu signer la mort du roi et avait répondu à son neveu, signataire de la condamnation, " tu es jeune, et quelque jour tu le verras, le peuple va payer par des millions de têtes celle de son roi ! "
A Montpellier, Mistral rappelle en 1875 quelques vérités essentielles : " …le monde, en ce temps-là, vivait plus naturel, et l'on ne rougissait pas de son village, et pour aimer la France, il n'était pas nécessaire de parler français ! " A Albi, cette leçon : " il y a quelque chose que les morts nous demandent, et à laquelle les morts ont droit lorsqu'ils sont tombés dans la bataille : c'est le souvenir ! " Avant Barrès, la Terre et les Morts…
Au Museon Arlaten, fondé avec l'argent du Nobel qu'on lui a décerné en 1904, entre mille objets noblement populaires, Mistral a déposé dans un coffret de cristal, le " cabeladuro d'or ". Grande chevelure blonde découverte dans un caveau seigneurial de l'antique chapelle des Baux. La Toison d'Or de Provence…
Ainsi Mistral aura lutté jusqu'au bout contre le nivellement de la médiocrité, hydre toujours à l'œuvre… Il aura milité pour la république des petites patries, pour que naisse la république du soleil, afin que les filles d'Arles portent longtemps encore le ruban, et la dentelle qui orne leur gorge, la chapelle… Pour nous soulever vers ce but, il nous a légué aussi la cantique sacré, le chant qui fait briller les nuits de solstice, à Montségur, sur le Caylar ou à la Ste-Baume… le Coupo Santo. La coupe qui fait le tour des convives à la sainte Estelle. Telle est l'äme de la Provence, toujours menacée… mais immortelle.


Friedrich NIETZSCHE
Nationalisme, matérialisme, spiritualisme, les courants philosophiques, dérivés des grands systèmes du passé, sont nombreux au dix-neuvième siècle. La Révolution a rompu l'unité dans tous les domaines, artistique, social, intellectuel, l'individualisme trouve là un terrain favorable, et les doctrines s'affrontent dans une confusion sans précédent.

Tout opposés qu'ils soient, les philosophes s'accordent pourtant sur un point : il ne viendrait à l'esprit d'aucun d'enter eux de remettre en question la morale. Chrétienne ou laïcisée, elle s'impose comme un donné définitif, constitutif de l'humanité, un absolu. Surgit tout à coup un philosophe qui, ayant crié " Dieu est mort " ose se dresser conter elle, engager contre elle une guerre sans merci. Nietzsche, ainsi se nomme ce blasphémateur dont les livres, d'abord passés inaperçus, feront bientôt l'effet d'une séisme. Quelques moralistes dont il est nourri (la Rochefoucault, Chamfort), avaient déjà dévoilé les soubassements de l'idéalisme, mais avec Nietzsche il s'agit soudain d'un réquisitoire en règle dont la violence est inouïe. Dans la Généalogie de la morale, dans l'Antéchrist, il met à nu les ressorts, non pas de la morale tout court, précisons-le, mais de cette morale égalitaire que le christianisme promeut.
Pour Nietzsche les choses sont claires. Affirmant l'existence d'un Au-delà, le christianisme tend à discréditer le monde où nous vivons. Plaçant au premier plan la pitié, il contrarie la loi de l'évolution qui est une loi de sélection. Il mène, ce faisant, au nihilisme, ce que confirme, il est difficile de n'en pas convenir, l'état présent de l'Europe. A cet égalitarisme mortifère Nietzsche oppose l'Inde traditionnelle, il oppose les lois de Manu, lesquelles divisent la société en castes, les brahmanes (ceux qui savent), les guerriers, et enfin les producteurs. On reconnaît ici la tripartition que Dumézil mettra bientôt en lumière.
Au travers du christianisme vise la " plèbe socialiste " (ce sont ses termes), coupable de cultiver chez les faibles l'envie, le ressentiment. Dès la Naissance de la tragédie, son premier livre et sans doute le plus beau, il repousse le socratisme destructeur. En Socrate il voit en effet une préfiguration de l'homme moderne, prisonnier d'une raison courte hostile aux grands mythes nourriciers. Exemples privilégiés de ceux-ci Apollon et Dionysos (Apollon en qui s'incarnent mesure et clarté, Dionysos en qui se manifeste le chaos originel, provoquant chez ses disciples l'extase, le délire). La tragédie grecque met ces dieux en présence, instaurant entre eux un dialogue fécond, exaltant. Hélas ! à celui-ci le socratisme, ce ver rongeur, mettra fin, et ce sera l'amorce du déracinement, culture et savoir s'avérant incapables de rétablir le contact avec les énergies cosmiques, avec la vie.
Le surhomme de Nietzsche a donné lieu à toute sorte d'interprétations. Si nous retenons la plus crédible, celui-là serait un surhomme qui accepterait l'éternel retour, à savoir l'idée de revivre sa vie, dans les joies et ses souffrances, de la revivre sans fin. Nietzsche prône ici l'amer fati, l'amour du destin. Philosophe immense dont tout le vingtième siècle est débiteur, Nietzsche n'est pas toujours d'un abord facile, mais sa lecture récompense amplement l'effort. L'œuvre est si riche, si complexe, qu'on s'est réclamé d'elle tout au long du vingtième siècle pour justifier les doctrines les plus contradictoires. Un journal italien, en 1976, ne craignait pas de titrer " Nietzsche le gauchiste ". Criante contre-vérité. Nul n'était moins de gauche que ce philosophe qui raille à tout moment les utopistes, les " améliorateurs de l'humanité ".

Né en 1844 à Rocken (Prusse), Nietzsche est mort à Weimar en 1900. Parmi ses œuvres principales, outre la Naissance de la tragédie, le Gai savoir, Par delà le bien et le mal, Ainsi parlait Zarathoustra. Deux courts ouvrages récemment parus peuvent faciliter la compréhension de l'œuvre. Ce sont : Nietzsche ou la passion de la vie (Les essentiels Milan) et surtout Nietzsche, cruauté et noblesse du droit (Editions Michalon).


ORTEGA y GASSET
Ortega y Gasset, un nom que l'intelligentsia ne cite pas, ou ne cite que très rarement. Rien d'étonnant à cela, l'œuvre de ce philosophe espagnol prenant le conter-pied de l'idéologie dominante. Dans son livre le plus connu, (le seul vraiment connu en France) la Révolte des Masses, il met le doigt sur le grégarisme, dénonçant dans la démocratie, dans ses conséquences sur l'art, la pensée, les coutumes, le mal le plus dangereux dont puisse être atteinte une société. " Le dix-neuvième siècle a faussé la perspective en situant la politique au premier plan. " Autre tare, le mercantilisme de la société industrielle, société à laquelle le philosophe oppose le moyen-âge, époque qui plaçait l'idée d'obligation au dessus de l'idée de droit. Si le Progrès n'est au yeux d'Ortega qu'une idole, la Culture en est une autre. Sans cautionner l'irrationalisme contemporain, il récuse cette culture, devenue, à l'égal du sport-spéctacle, un ersatz de religion. " Nous la divinisons, écrit-il, nous voulons qu'elle nous sauve et nous justifie au lieu de nous sauver nous-mêmes. Le résultat, c'est la surproduction d'idées, de livres, d'œuvres prétendues artistiques. A l'origine d'une telle situation la crise que nous traversons, troisième grande crise européenne. La première, Ortega la situe au soir du paganisme. La deuxième, en ces temps qui voient peu à peu, à partir de Descartes, la foi dans la raison triompher. A son tour le rationalisme est aujourd'hui battu en brèche, et avec lui le progressisme et l'égalitarisme, ces croyances qu'il avait engendrées. Le faux, c'est l'utopie, c'est à dire la vérité vue de nulle part.. il est urgent de reprendre contact avec la réalité, avec la vie qui est, fondamentalement, naufrage , insécurité. La raison pure disqualifiée doit donc céder le pas à la raison vitale.
Ortega y Gasset, né en 1883 est mort à Madrid en 1955. D'abord favorable à la république, il la désavouait bientôt en raison des désordres consécutifs à son avènement, et s'exilait en 1936, ne rentrant en Espagne qu'en 1945.
La Révolte des Masses était rééditée en 1986 par le livre-club du Labyrinthe, assortie d'une importante préface d'Arnaud Imatz. Autres ouvrages essentiels, qui restent à traduire : Au sujet de Galilée, Méditations du Quichotte, Le Spectateur.

Quelques pensées d'Ortega y Gasset :
" C'est parce que, bon gré malgré, nous sommes placés devant la tâche de vivre qu'il nous faut exercer l'intellect. LA connaissance ne trouve pas en elle-même sa justification. Elle procède de notre insécurité, et l'homme cherche une certitude. Il a besoin de savoir, c'est-à-dire de croyances sur lesquelles s'appuyer. Or les époques de crises se définissent par la disparition de ces croyances auxquelles, pour ne pas sombrer, nous substituons des idées. Car nous avons des idées mais nous sommes nos croyances. Croire en quelque chose n'est pas avoir l'idée de cette chose, c'est compter sur elle. Tant que l'homme croit, l'homme ne se sert pas de l'intellect, mais dès qu'il tombe dans le doute il s'y cramponne comme à une bouée de sauvetage. "

" L'homme moyen d'aujourd'hui a été gâté par le monde qui l'entoure, par le bien être et le confort. Il ne fait appel à aucune instance extérieure. Ingénument, il tend à affirmer que tout est bon de ce qui est en lui : opinions, goûts, etc ; l'homme-masse se sent parfait. En politique, en art, il adopte une attitude de véritable ignorant, mais avec énergie et suffisance sans admettre que ces domaines puissent avoir leurs spécialistes. "


Le sulfureux héritage de SAINT-LOUP
Un anniversaire oublié, c'est celui de Saint-Loup, qui naquit le 19 mars 1908 à Bordeaux. Il est vrai qu'en ces temps de détresse identitaire, l'écrivain disparu en décembre 1990 sent le soufre. On ne préconise pas impunément le respect de l'héritage racial !

LE SANG ET LA SUEUR
Saint-Loup passa les dernières années de son existence dans le village dauphinois de Vif; Est-ce fortuit ? Ou plus vraisemblablement une façon de dire aux bons Européens, ceux pour qui et aux côtés de qui il a combattu, qu'il sera toujours parmi eux ? Sur les hauteurs du village ont été exhumés au tout début du siècle des vestiges, parmi lesquels ces tombes connues sous le nom de Saint-Loup. Encore un " heureux hasard " ?

Voire... Il y a peu de place pour le hasard chez l'auteur des Copains de la Belle Etoile. Il a construit sa vie autour d'hommages et de mythes. Il a tracé une voie lumineuse pour qui ne sait pas d'où il vient. Il est comme un étendard solidement planté au milieu d'un champ de bataille ou d'une bourrasque ; il est, pour reprendre cette belle formule évolienne, homme au milieu des ruines.
Homme sans cesse en mouvement, guerrier, explorateur, accessoirement écrivain, Saint-Loup est partout à sa place, et c'est tant mieux pour nous. Une vie qui est à elle seule un roman d'aventures... Skieur de fond en Laponie, animateur des Auberges laïques de la jeunesse, pionnier de l'enduro en France, journaliste à Sciences et Voyages, sergent dans la LVF et responsable politique de la division Charlemagne, instructeur des troupes de montagne de Perón en Argentine, andiniste et navigateur en Terre de feu. Le parcours est époustouflant. C'est aussi pourquoi l'on peut dire que Saint-Loup aura écrit ses livres avec son sang et sa sueur.

L'ENGAGEMENT
Tout commence aux " jeunes de l'Europe nouvelle "; celui qui est encore Marc Augier propose l'engagement dans la Légion des Volontaires français. Au Congrès mondial des Auberges de Jeunesse, le collaborateur de Léo Lagrange a compris que les démocraties préparent la guerre. Pour lui c'est une déchirure : les politiques ne semblent avoir tiré aucun enseignement des carnages du précédent conflit mondial. Il faut prendre parti.
On a souvent évoqué le pacifisme de Saint-Loup qui s'engagea avant tout contre les véritables fauteurs de guerre. Il en est vite revenu. Méditons cette confidence : " Je ne voudrais pas ramasser, même dans la boue, notre pacifisme d'antan. La guerre nous a révélé le sens de la vie, qui n'est en aucune manière pacifiste. En dehors du combat pour le peuple et pour la liberté, nous n'apercevons pas de salut, nous ne découvrons aucune mesure acceptable de la vie (...). Pour tout ce qui concerne les grands aspects de leur existence : régimes, frontières, colonies, libres passages des mers, les peuples s'en remirent toujours à la guerre. Il y a peu de chance pour que les pacifistes réussissent à modifier la loi biologique des espèces. ". Concurremment, en écrivant ces lignes, Saint-Loup donne au pacifiste le droit de s'exprimer, il accepte que " Le caractère général et obligatoire de la guerre et de la mobilisation " puisse être insupportable à certains. Mais il effectue le distinguo entre ceux-là, les pacifistes dont il n'est plus, et les guerriers dont la guerre est le privilège. Il persiste et il signe : " Le combat est la meilleure et la plus impitoyable sélection des aristocraties. "
Par son engagement dans la LVF, et celui de ses camarades, l'auteur des "Volontaires" va trouver la " renaissance du volontariat de la guerre ". Le légionnaire appartient à une association de peuples européens, à l'image des croisades de la chrétienté ! " Il y a quelque chose dans notre geste légionnaire qui rappelle ces temps fabuleux qui virent naître la culture occidentale... " Les légionnaires sont 1es nouveaux bâtisseurs d'un ordre de la chevalerie ; il ont prononcé des vœux d'obéissance et de pauvreté, ils ont retrouvé des règles perdues depuis le Moyen-Age. De cette geste, Saint-Loup tire un enseignement essentiel : " La vraie grandeur est toujours solitaire. " Et c'est d'autant plus vrai quand on sait combien furent vilipendés et diabolisés ceux qui choisirent de se dresser contre le bolchevisme.

UN " RECOMMENCEMENT "
Saint-Loup imagine un monument aux légionnaires avec, en exergue, les noms des sacrifiés : " Ceux-là ont donné leur vie pour qu'il y ait quelque part un recommencement... " Cette tentative de recommencement est d'abord énoncée dans la fameuse trilogie Volontaires-Hérétiques-Nostalgiques, évocation brute du nouvel homme, aristocrate, élitiste, bête de guerre exaltée par le manque de nourriture et de sommeil. " Hors d'haleine, ruisselant de sueur, maigre et bronzé, le gargon de la future brigade d'assaut SS , a subi le destin qu'il a choisi. Pour survivre : une tasse de faux café à peine sucré le matin, un litre de soupe claire sans viande à midi, trente grammes de saucisse et vingt-grammes de margarine de houille à 17 heures, quatre cents grammes de pain pour vingt-quatre heures. Et c'est tout ! Pas de rabiot. " Le guerrier est un ascète, forcément, puisqu'il entre en religion. Il prend la forme du capitaine Le Fauconnier, personnage mystérieux, aux allures de fanatique. Cette nouvelle religion dont il se fait l'apôtre auprès des légionnaires est exigeante mais tout empreinte de noblesse. Même Mgr Mayol de Luppé, l'aumônier de la troupe, y trouvera sa place : " Au Christ souffrant, le national-socialisme oppose le Christ combattant. " Tel celui que l'on voit, gigantesque glaive au côté, sur une fresque du monastère serbe de Detchani... au Kosovo !
Prêtres-guerriers, moines-soldats, tels qu'on en trouvait au temps des templiers et des chevaliers porte-glaive... A ceci près que " le christianisme a construit sa fortune sur la lie biologique du monde romain, et ne s'est maintenu qu'en faisant appel à la faiblesse naturelle de l'homme, en substituant l'image fallacieuse du paradis aux dures réalités terrestres. La fuite en avant est réservée aux lâches, donc au plus grand nombre ". Nous entrons par là dans le vaste et fascinant domaine des mythes.

GRAAL DES PAÏENS ET CONSCIENCE RACIALE
Le païen est, à l'instar du chrétien, à la recherche de son Graal. En l'occurrence pour Saint-Loup : une connaissance perdue que les nazis, soutenus par les aryosophistes de l'Ahnenerbe, seraient allés récupérer du côté de Montségur. Ce Graal n'aurait évidemment rien d'une coupe ayant recueilli le sang du Christ mais peut-être bien après tout une table des lois comportant, gravés dans la pierre en écritures enchevêtrées, les grands principes de la race aryenne.
Cette religion oubliée, où les notions de combat et de race sont de toute évidence privilégiées, est présente dans la plupart des ouvrages de Saint-Loup ; Nouveaux Cathares, Les Hérétiques, Götterdämmerung... Leur auteur va même jusqu'à préciser en quel endroit repose le précieux coffre plombé. Confié à la crevasse d'un glacier autrichien, le front de la moraine devrait logiquement le libérer avant la fin du siècle !...
Ces lois aryennes, Saint-Loup les interprète de façon très précise : contre une religion aveugle et primaire de la race, il prône le bonheur pour chaque peuple à l'intérieur de son groupe biologiquement défini ". C'est aussi pourquoi il déplore le pangermanisme. Humanité biologiquement supérieure - et eugénisme -, certes, mais tenue éloignée de tout racisme pseudo-scientifique.
A un personnage des Nostalgiques qui s'explique face à son juge, Saint-Loup fait dire : " Nous sommes seulement des hommes de race blanche qui venons de retrouver notre conscience raciale et la tenons pour déterminante dans tous les actes de la vie et pour l'avenir de notre descendance responsable de l'essor de la civilisation … "
Mais Saint-Loup va plus loin ; il ne se contente pas d'évoquer une race dont la conscience s'arrêterait à la couleur de la peau. L'idée des ethnies, des " patries charnelles " qui composent l'Europe et doivent retrouver leurs racines profondes, est chez lui déterminante. Dans Les SS de la Toison d'Or, il rapporte l'épopée de Léon Degrelle combattant pour la résurrection de la Grande Néderlande et de l'idéal bourguignon. Ces thèmes trouvent aussi leur place dans des ouvrages comme Nouveaux Cathares pour Montségur (Occitanie), La République du Mont Blanc (Savoie, pays d'Aoste), Plus de Pardons pour les Bretons ou Le Sang d'Israël.
Quand ils ne sont pas légionnaires, les héros de Saint-Loup se nomment Barbara, Marcheron, Juan Jorge Link, Eugen Guido Lammer ou... Guido La Meslée. Guido La Meslée, noble figure de Face Nord, est chef d'un Centre Jeunesse et Montagne, II personnifie à lui seul la hauteur d'âme, la performance, le défi, l'amour de 1a compétition. Dans ce roman - où le Zarathoustra de Nietzsche n'est jamais loin - on retrouve tous les thèmes chers à Saint-Loup. C'est un feu d'artifice, qui coupe le souffle du lecteur, le sonne, l'épuise bel et bien...avant de le pousser à chercher les plus grandes et les plus folles confrontations avec cette beauté à elle seule contenue "dans les virginités de la terre ".
Ici, l'écrivain s'attaque à la montagne avec la même conviction, la même force qui lui firent décrire l'aventure du front de l'Est. Son héros se dresse cette fois contre les faibles, l'autorité hiérarchique de Vichy, et l'Eglise. Ici aussi il demeure incompris par la majorité ; il est lâché, jugé. Mais au petit groupe qui continue à le suivre, et qui est décidé à passer sous des arches de lumière éclatante, il donnera cette formule : " Je veux faire de vous les représentants d'une humanité supérieure. Celle où l'homme aura dominé la crainte de la mort. "

LES CONQUÉRANTS
Et maintenant, nous voici entraînés sur la trace des conquérants des terres hostiles. Avec La Nuit commence au Cap Horn, récit du génocide des Indiens à travers l'acharnement d'un pasteur proAsélyte à la détermination étonnante. Dans Monts Pacifique, l'écrivain rapporte le détail d'une expédition qu'il organisa dans l'île inexplorée de Sainte-Agnès où il comptait trouver trace des derniers descendants des Indiens purs. Tandis que dans Götterdämmerung, il avoue avoir été à la recherche dans ce même archipel d'une base constituée de rescapés de la débâcle allemande. Quand le mythe pointe encore sous des horizons solitaires et glacés...
Pour terminer, nous laisserons tout d'abord la parole à Antoine Germigny qui écrivit dans RIVAROL à propos, de Saint-Loup cette phrase admirable : " Retrouver, au soir d'une rude journée sa jeunesse intacte parce qu'on ne l'a pas trahie, c'est la plus belle récompense qu'un homme puisse rêver. " Durant sa longue existence, Saint-Loup aura toujours transmis le même message sans jamais dévier. Comme il aimait si bien le dire et le faire dire à ses personnages : " Mon honneur s'appelle fidélité. " Ne laissons pas brûler son oeuvre et tout ce qu'elle porte en elle de vital et de fondamental, pour notre devenir et celui de nos enfants.

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